jeudi 28 mai 2020

Le cerveau droit, véritable thérapeute









Le cerveau droit comme thérapeute...plutôt controversé comme pensée, non ?  Pourtant, dans mon cheminement personnel, je dois dire que la créativité m'a certainement été plus bénéfique que les quelques thérapies que j'ai suivies.  Bon, o.k...  remettons les choses en perspective. C'est plutôt une combinaison d'un peu tout ça. Mais la créativité a joué le plus grand rôle dans la guérison de ma dépression il y a quelques années, j'en suis convaincue. 

Depuis le début du confinement, j'ai l'impression entendre plus parler de créativité. Pourtant, je suis consciente que ce mot fait peur à plusieurs. Le problème, c'est que plusieurs pensent qu'être créatif, c'est avoir la capacité de créer une oeuvre d'art digne des plus grands musées. Si tu es de ceux-là, ce n'est pas le cas, je te rassure tout de suite !

J'aimerais te partager une prise de conscience que j'ai fait dernièrement, concernant la créativité. Tout a commencé par la recherche de mon mot-phare, pour l'année 2020.  Suite à la plus belle des soirées passée avec mon amie Évelyne en décembre, malgré la peine face à ce cancer, nos conversations lors de cette soirée mémorable ont plutôt porté vers la créativité, la confiance et la gratitude. Cette femme a été une grande inspiration pour moi et pour plusieurs. Un être de lumière, une femme positive, résiliente, une belle âme. Elle me manque beaucoup.

En revenant chez moi ce soir-là, mon mot-phare m'est apparu comme une évidence:  être.

Dans cette société ou le verbe faire a tendance à prendre beaucoup de place, nous écorchant au passage par cette fichue anxiété de performance, il est primordial de ne pas négliger le verbe être.

J'ai choisi de me concentrer sur le ''être'' plutôt que le ''faire''.  C'est dans la créativité que j'arrive le plus à ''être'', me concentrant alors sur le moment présent, arrivant à oublier le petit hamster qui roule dans ma tête et en me faisant confiance, le plus possible.  Que ce soit en dessinant (ce que je fais énormément depuis le début du confinement), en écrivant, en peignant un tableau, en créant une recette, en revalorisant un meuble, en dansant (au grand désespoir de mes ados !) ou encore en créant un bijou (activité que j'avais un peu délaissée dans les dernières années).

La citation ''Trust the process'' (Fais confiance au processus) prend alors tout son sens.  Plutôt que s'attarder au résultat et ainsi risquer d'augmenter mon niveau d'anxiété en me demandant à quoi va bien ressembler mon tableau, si ma recette va être mangeable ou encore si la photo de mon oeuvre sera ''instragramable'',  je me laisse plutôt guider par mon intuition, en me créant une bulle juste à moi et en savourant chaque seconde de mes traits de crayon ou de pinceau et je me permets d'être, simplement.


Je te mentirais te dire que j'arrive à vivre pleinement mes moments de création à tout coup. En réalité, j'ai tendance à mettre la charrue devant les boeufs, à l'occasion. À ce moment-là, le ''faire'' prends le dessus alors que je voudrais tellement pouvoir me coudre une robe même si je n'ai pas encore appris à enfiler le fil sur la machine à coudre ou crocheter des accessoires pour chats alors que je n'ai pas encore maîtrisé l'art du crochet (malgré les 10 pelotes de laine et les 12 crochets que je me suis procurée !)  

Dans ce temps-là, je dois me parler et prendre du recul. Je suis une autodidacte, j'aime apprendre par moi-même mais je n'ai pas de patience pour regarder des tutoriels. Je fais des essais, je fais des erreurs, mais cela aussi fait partie du processus, non ? 

Et chaque fois que je me permets ces petits moments de créativité, ma belle amie Évelyne m'accompagne. Je me souviens de ses douces paroles, je ressens la confiance sans limites qu'elle avait en moi et  surtout, comme elle a toujours su si bien le faire, je me permets d'être, tout simplement. 

Alors n'hésite pas, lance-toi.  Et rappelle-toi: ''Trust the process'' !

Hélène xx

samedi 28 mars 2020

Quand le mot liberté prend un tout autre sens






Parmi mes valeurs les plus profondes, la liberté et la créativité vibrent très fort en moi. C'est ce que je prône et crie haut et fort, spécialement depuis le début de Fashionista en cavale.

Depuis 2 semaines, la liberté en a pris pour son rhume. Loin de moi l'idée de faire un vilain jeu de mots, ici ! Du moins, c'est l'impression que j'ai eue au départ.   Confinement était synonyme de petite prison (bien que de verre, je l'admets !), un mal nécessaire pour le bien-être de tous.  Dès le départ, j'ai suivi les consignes à la lettre.  Mon asthme faisant en sorte d'être plus à risque de complications, j'ai pris toutes les précautions nécessaires et je me suis vite placée en isolement avec ma petite famille.

En toute honnêteté, cette liberté, je dois t'avouer que je l'avais prise pour acquis. Après l'avoir rêvée pendant un bon moment, j'avais l'impression de l'avoir enfin atteinte et je n'étais pas prête de la laisser me glisser entre les doigts!  

Mais voilà que cette liberté m'était volée, que ma famille ne pouvait plus vivre sa vie d'avant, que notre voyage en amoureux au mois de mai venait de prendre le bord, que je n'allais pas pouvoir rendre visite à mes parents, que l'incertitude et l'anxiété face à cette pandémie prenait déjà toute la place, meublait mes nuits d'insomnie et me comprimait la poitrine davantage. La liberté m'avait bel et bien glissée entre les doigts... le temps d'un instant.

Le temps que je me raisonne, que je me parle, que je réalise à quel point cette liberté, dans le fond, ne m'avait jamais quittée. On devait juste apprendre à la vivre autrement. 

Cette liberté est présente au quotidien, quand on veut bien la voir. Elle se manifeste de tellement de façons ! Par les rayons de soleil réchauffant mon visage en ce moment, assise confortablement sur ma galerie, par ces rendez-vous virtuels amicaux et familiaux, cette recette qu'on prend finalement le temps d'essayer, ces échanges via les réseaux sociaux qui ma foi, me semblent plus humains qu'avant, ces activités familiales improvisées, créatives, chaleureuses... ces soupers, virtuels ou dans notre petit cocon familial, ces coloriages, ces arcs-en-ciel...

La liberté a simplement pris un tout autre sens... en changeant ses priorités, en nous ramenant à l'essentiel, en nous inculquant de nouvelles valeurs, celles qu'on avait peut-être plutôt oubliées ou encore choisi de ne plus voir...  Elle nous a ouvert les yeux sur ce qu'il y a de plus beau. Sur nos enfants qui s'émerveillent, bien cachés dans leur cabane de fortune au salon, sur nos ados qui partagent une passion, un talent, une conversation... Sur notre couple qui se sert les coudes plus que jamais pour tenir le fort...

Mais d'abord et avant toute chose, être libre, c'est reconnaître d'avoir la chance d'être en vie. C'est ça, la vraie liberté...vivre l'instant présent car on ne sait pas de quoi sera fait demain. 

Alors vas-y, permets-toi d'être libre malgré ce confinement. Plus tu seras responsable, plus tu seras en mesure de profiter de cette liberté encore longtemps et tu permettras à ton entourage d'en faire autant. Permets-toi de voir toute cette beauté et bonté qui t'entoure, même si rien n'est tout à fait comme avant.  Et si quelqu'un près de toi se sent seul ou est en détresse, n'hésite pas à lui apporter l'aide nécessaire. Un appel, un texto, une épicerie... peut faire une si grande différence !

J'ai un petit exercice à te proposer. Dans un cahier, sur une feuille ou encore sur notre téléphone, si tous les jours, on y écrivait 3 à 5 événements vécus dans la journée, qui nous ont fait sentir libres, bien, en vie ? 

Question de mettre en valeur ces petits moments de liberté !

P.S. Ce voyage en amoureux n'est que partie remise. L'important présentement, c'est la vie. C'est réinventer la liberté et focusser sur l'essentiel...pour l'amour, par amour.

Le prochain billet portera sur l'importance de la créativité au quotidien, en confinement ou pas ! 

En toute liberté et créativité,
Hélène xx









mardi 17 mars 2020

Un anniversaire pas comme les autres







Cher papa,


Aujourd'hui, c'est ta fête !

Cette année, on ne se rassemblera pas telle que le veut la tradition, pour tes 84 ans.

Tu n'auras pas droit à 84% de rabais sur ton repas au Pacini.

C'est un anniversaire pas comme les autres...

Si tu savais comme j'aimerais te serrer fort dans mes bras !

Mais je veux que tu saches que le plus beau cadeau que l'on va t'offrir, aujourd'hui, c'est la santé.

En respectant les recommandations, en restant chacun chez soi, en toute sécurité.

Le respect, tu as su nous l'inculquer tout au long de notre vie, à mes soeurs et moi.

Tu as travaillé fort, t'assurant qu'on ne manque jamais de rien. 

Papa, tu as toujours été d'un calme exemplaire.

C'est ce dont nous avons tous besoin, aujourd'hui...de respect et de calme.

Notre plus beau cadeau est de vous savoir en santé, maman et toi, en sécurité à votre résidence.

Ensemble,on va vaincre ce virus.

Et quand tout cela sera derrière nous, on fêtera comme jamais auparavant...les anniversaires, mais aussi la vie, ce plus précieux des cadeaux.

Je t'aime, papa !

Hélène xx

mardi 16 juillet 2019

Quand tes ados te tournent le dos





J'avais pourtant hâte, à ce moment...

Je me disais qu'après toutes ces années, avec ce besoin de plus en plus criant de liberté, j'allais en savourer chaque seconde.

Les voilà jeune adulte et adolescente...18 et 14 ans.

Bien sûr, ils suivent de moins en moins, se couchent de plus en plus tard et se lèvent à l'heure que maman a déjà accompli pas mal, dans son avant-midi !

Je suis libre... Plus besoin de gardienne, de payer pour des camps de jour, me ''battre'' avec eux pour aller à l'épicerie ou magasiner.

Libre !

Pourtant...aujourd'hui, je suis à fleur de peau. J'ai pleuré dans l'auto alors que j'allais rejoindre mon mari au resto pour déjeuner. Je suis seule sur la plage à regarder mon chéri faire ce qu'il aime le plus: du kitesurf. La température est parfaite, le soleil est au rendez-vous.

J'ai tout apporté: cahiers, dessins, coloriages, tablette...j'allais manquer de rien selon mon inspiration du moment.

Mais...je me sens un peu vide. Coupable, même, d'être partie sans eux alors qu'ils dormaient. D'être partie sans eux hier aussi alors qu'ils n'avaient pas envie de venir faire de la planche SUP à 9h du matin.


Cette liberté, tant attendue, je n'arrive pas à la savourer pleinement...pas encore.

Peut-être parce que je réalise à quel point ils ont de moins en moins besoin de moi. À quel point ils ont moins envie d'être avec moi aussi, on va se le dire ! Et c'est o.k.  C'est juste...normal. Pour ma part, à l'âge de 13 ans, j'ai arrêté de m'accrocher après la sacoche de ma mère dans les centres d'achat pour marcher quelques mètres derrière, du jour au lendemain !  Je me demande si tu t'es un peu sentie comme moi à ce moment-là, maman ? Quoique plus légère de ne plus m'avoir eu accrochée de la sorte après toi ?!

C'est jusque là...la maman poule doit apprendre à lâcher prise. Je me suis toujours sentie indispensable, en tant que maman. Toujours présente, peut-être même trop.  Je les ai portés à bout de bras à maintes reprises. Je suis maman poule, mais maman louve à ses heures, aussi. Pour avoir voulu les protéger, je les ai protégés...peut-être un peu trop, aussi.

J'aimais ce sentiment d'être indispensable et en contrôle, en quelques sortes. J'en ai payé le prix en 2011, alors que j'ai craqué de tout vouloir contrôler et porter sur mes épaules.  J'en ai pris conscience...mais bon sang que ça ne se change pas du jour au lendemain, ces choses-là !

L'adolescence, elle, s'est pointée sans avertir (peut-être plutôt que je n'ai pas voulu la voir venir !) Alors m'y voilà...nous y voilà...à apprendre à surfer sur cette vague qu'est l'adolescence et qui côtoie celle de la ménopause !  Ça va prendre plus qu'une voile et une planche de surf, mais on va y arriver.

Je vais apprendre à ré-apprivoiser cette solitude, un peu comme suite à une rupture amoureuse...à la différence qu'ils sont toujours là et que je resterai toujours leur maman ! 

Je vais en profiter pour prendre soin de moi.  Après tout, c'est mon mantra:  partir en cavale, ce n'est pas s'évader, mais se retrouver.  Cette indépendance, ils en ont besoin.  À chacun nos cavales, pour mieux nous retrouver par la suite ! 

Si tu as envie de partager tes expériences et tes trucs en tant que parent d'ados, n'hésite pas à le faire dans les commentaires. Il me fera plaisir de te lire et en discuter avec toi.  À très bientôt ! 

Hélène aka Fashionista en cavale  xx








mercredi 17 avril 2019

Notre plus bel héritage

Chers papa et maman,

Je ne le cacherai pas. J'ai envie de crier haut et fort à quel point j'ai de la chance de vous avoir toujours à mes côtés. À nos côtés, car il n'y a pas que moi (même si on aime bien s'amuser, mes sœurs et moi, à faire croire qu'on aimerait avoir l'exclusivité !)

En réalité,

samedi 24 mars 2018

Ces enfants aux supers pouvoirs








Il y a tout près de 22 ans, je terminais mon baccalauréat en psycho-éducation.  Je n'étais pas encore maman, mais je savais déjà que je voulais travailler auprès des enfants. Travailler auprès des enfants des autres m'enchantait puisque j'aimais me retrouver auprès d'eux, j'avais cette facilité à entrer en contact avec eux et j'étais littéralement en amour avec leur naïveté, leurs yeux pétillants et leur désir d'apprendre. Je trouvais fascinant de voir à quel point leur différence devenait leur force et ils avaient tellement à m'apprendre sur la vie et mon travail ! 

J'ai eu la chance assez rapidement de plonger dans le monde scolaire. J'y ai fait des rencontres extraordinaires. Des enfants aux supers pouvoirs, prêts à tout pour surmonter leur handicap, persévérants et allumés comme dix. Des enfants ayant des défis bien à eux, que ce soit au niveau du langage, social, académique, physiologique ou comportemental.  

J'utiliserai des noms fictifs pour vous en présenter quelques-uns.

Il y a eu Tristan...qui allait aiguiser son crayon à mine pour ensuite le planter dans la main de son seul ami dans la classe. Un jour, il a agrippé un autre élève au visage et lui a laissé des marques. Il arrivait que l'enseignant fasse sortir toute la classe quand il était en crise.  Il faisait tout tomber sur son passage. Tristan brisait un bâton de popsicle en deux pour s'en faire une arme. Il avait 6 ans. On en a fait du chemin ensemble en 6 mois. À la dernière journée d'école, il m'a sauté au cou, enroulé ses jambes autour de moi en me disant qu'il n'avait pas envie de me laisser. J'ai pleuré comme une Madeleine une fois qu'il fut parti. Malgré les crises, les gros mots, les insultes, les pipis dans les culottes pour se venger... Tristan avait le super pouvoir d'être attachant. Une grande fragilité et sensibilité se cachait derrière sa façade de roc.

Magalie, atteinte de trisomie 21, douce comme un agneau et très influençable. Intégrée dans une classe régulière, elle n'était pas du tout au même niveau que les élèves de sa classe. Je l'ai prise sous mon aile, et bien que ce n'était pas dans mes ''tâches'', j'ai joué le rôle de l'enseignante, cette année-là, prenant en charge le côté académique tout en la protégeant des vautours qui lui auraient fait faire les 400 coups. Jamais je n'oublierai son sourire, son charme...

Ben, autiste de haut niveau, asperger, calé en sciences et tant à nous apprendre.  Il avait toujours réponse à tout, impulsif envers quiconque contredisait ses dires... Cette année-là, il avait le plus beau costume d'Halloween de l'école entière, qu'il avait pensé et conçu de A à Z.  La créativité était son super pouvoir, tant dans ses projets d'art que dans sa façon bien à lui d'expliquer les mystères de la vie.

Comment oublier Jeanne...sans diagnostic précis, on devait réussir à l'apprivoiser afin de pouvoir l'approcher. Très renfermée, il lui arrivait de se cacher sous un bureau. D'une grande fragilité, peu de mots pour s'exprimer et de grandes difficultés à s'intégrer socialement. Dans une classe régulière, elle devait apprendre à faire face à tout ce beau monde, s'avancer académiquement et apprendre à vivre en société.

Guillaume, 5 ans, avait la paralysie cérébrale. Il communiquait à l'aide d'un ordinateur, avait besoin d'aide pour manger, découper et écrire. Il marchait à l'aide d'une marchette. Déterminé, il avait tout un caractère !  Et c'est ce qui le poussait à aller plus loin. Plusieurs années plus tard, je l'ai croisé alors que je visitais une école secondaire. Ça m'a tellement émue de voir ce beau jeune homme, sans marchette, arborant toujours ce même sourire !

En tant qu'éducatrice spécialisée, j'ai été témoin des plus belles victoires, des plus beaux sourires. J'ai vu des larmes de joie et de fierté . On m'a dit les plus beaux compliments, j'ai reçu les plus doux calins. On m'a dit ''je t'aime'', ''merci'', ''je m'excuse'', ''tu es belle''.

J'ai vu aussi les larmes de tristesse, de découragement. On m'a jeté au visage les pires insultes...accompagnées de coups de pieds et de ''je vais te tuer'', ''je t'haïs'', ''je vais te frapper'', ''f...you bitch...''. On m'a menacée de me faire pipi dessus. Je me suis fait mordre, pincée. J'ai arrêté de justesse un coup de poing. Enceinte de 3 mois, au bout d'un corridor sans issue, un élève de 10 ans m'a menacée de me frapper dans le ventre.

Ils ont touché mon coeur, mon âme, ma vie. Malgré ces gestes et ces paroles, je savais qu'au plus profond d'eux-mêmes, ils souffraient.  Je sentais leur besoin d'amour, de compréhension, d'encadrement.  Ces enfants aux supers pouvoirs ont tous une leçon à nous apprendre, jour après jour.  Ils m'ont enseigné les plus belles valeurs, de la résilience à la détermination.  Un tout petit objectif relevé se transformant en grande victoire, ces petits pas ouvrant la voie vers les plus belles destinations... Je suis fière d'avoir fait partie de leur vie.

Et pour ceux que je côtoie encore jour après jour, sachez qu'aussi longtemps que la vie en décidera ainsi, ils auront une place bien spéciale dans mon coeur. Ils mettent certainement ma patience à l'épreuve, mais malgré les journées parfois difficiles, je les aime tellement ! Nous sommes une équipe de feu avec un seul et même objectif: les voir s'épanouir et grandir.

Ils sont tous des super-héros.

                                                                             
Hélène xx





jeudi 28 décembre 2017

Notre Noël québécois en terre d'accueil chinoise




C'était notre deuxième Noël à Hong Kong, et notre premier en tant que parents d'un adorable garçon de trois mois.  Ce Noël-là allait être très spécial, car nous avions appris,  dix jours auparavant, que notre périple à l'étranger allait se terminer plus tôt que prévu. Au début février, nous allions retourner au Canada, à notre grand bonheur ! Cette annonce fut décidément notre plus beau cadeau de Noël. Nous allions nous établir près de Montréal, et mes proches allaient voir notre garçon grandir.



Il fallait fêter cette bonne nouvelle !  Nous avons alors pensé  inviter deux couples d'amis français que nous avions rencontrés à notre terre d'accueil.  Pourquoi ne pas leur faire vivre un Noël typiquement québécois ?  Mon mari, avec ses idées de grandeur, n'allait pas faire ça à moitié ! Il m'a facilement convaincue en me promettant qu'il allait s'occuper de tout.  J'ai insisté pour préparer un beau dessert, question de participer à ma façon, entre deux allaitements et quelques changements de couches.

Je me suis dit qu'il serait préférable de préparer mon dessert à l'avance. De cette façon, mon mari aurait toute la place nécessaire pour préparer son festin, le lendemain.  J'ai décidé de faire des chaussons aux pommes et canneberges, une recette de mon père que j'ai toujours trouvée réconfortante. Ils étaient si beaux, tout dorés et gonflés, semblant prêts à exploser de bonheur !  En versant le sirop dessus, pouf...mes petits bonheurs se sont vite transformés en cauchemars...  Ils se sont affaissés d'un seul coup et leur nouveau look trempé ne leur faisait pas honneur. La présentation dans l'assiette n'aurait pas été digne d'un grand repas...  Dommage, car ils étaient bons !  

Ce soir-là, j'ai donc décidé de faire des farandoles aux framboises (décidément, les petits fruits rouges étaient de mise, pour fêter Noël en grand).  Ce dessert, je l'avais fait au moins trois fois auparavant, et ce fut une réussite à chaque fois. Comment pourrais-je manquer mon coup ?  Ils étaient parfaits, mes petits rouleaux de pâte garnis de framboises... Lorsque je suis allée voir leur progression au four, HORREUR: ils gonflaient , ils étaient beaux, mais de couleur bleue  ! Je n'avais pourtant pas pris des bleuets pour des framboises ?  La pâte était d'un bleu couleur moisie, peu appétissante...bleue ! 


Il était 22h30; je me vois encore, accroupie devant le four, les deux mains accrochées après la poignée de ce dernier, pleurant comme une Madeleine !  C'était pathétique... J'étais épuisée, je riais et pleurais à la fois.  Mais qu'est-ce que j'allais faire comme dessert ?  Mon petit côté perfectionniste en mangeait un coup ! Je n'avais plus le choix que d'attendre au lendemain. La nuit porte conseil, comme on dit. J'ai fini par  préparer des coupes de fruits frais, en étages, avec coulis de sucre à la crème, recette de ma grand-mère.  Pas mal plus simple, mais ce fut un succès ! O.K., ce n'était pas aussi joli que sur la photo, mais quand-même... Pour une jeune maman en manque de sommeil et d'inspiration, c'était  parfait !


Thierry a travaillé fort toute la journée. Il a préparé une belle grosse dinde ainsi qu'une farce, sans oublier une magnifique tourtière avec un beau bonhomme de neige découpé dans la pâte pour orner cette belle grande tarte à la viande, recette de sa mère. Tout était prêt pour faire vivre un Noël digne des québécois à nos amis français. Notre ami Jean-Marc apporta une bouteille de champagne, qu'il a 'sabrée' à la fenêtre avec succès. Comme il travaillait pour une prestigieuse compagnie de cristal, il nous a offert 2 superbes coupes en cristal (qui sont toujours dans leur boîte, d'ailleurs, par manque d'espace dans nos armoires !) ainsi qu'une belle carafe.

La dinde était parfaite, dodue et dorée à souhait !  En la sortant du four, la rôtissoire d'aluminium a pliée, et plein de gras s'est retrouvé sur notre plancher de marbre noir fraîchement lavé, les pantalons de Thierry et mes bas de nylon !  Heureusement, la cuisine n'était pas visible de la salle à manger !  Nous voulions faire une belle présentation, comme on voit dans les films...une belle grosse dinde dans un plat de service, n'est-ce pas réjouissant et appétissant ?  Thierry empoigna son oeuvre d'art pas les cuisses afin de la transférer dans la belle assiette de service.   Les 2 cuisses lui restèrent dans les mains, accompagnées non pas de la farce mais de nos fous rires !  Je lui demandai alors:  ''Allons-nous vraiment nous ouvrir un Bed and Breakfast à notre retour au Canada ?''  Nous avons servi les assiettes dans la cuisine; tant pis pour le plat de service !



La tourtière n'étant pas tout à fait à point, Thierry l'a laissée au four pendant que nous mangions l'excellente dinde. Vous me voyez venir, là, n'est-ce pas ? Pendant le souper, j'ai rappelé à Thierry que la tourtière était au four. Il s'est aussitôt précipité à la cuisine puis est revenu en me demandant si je voulais aller servir la tourtière, affichant un petit sourire en coin. Que pouvait-il arriver de plus ? La tourtière était calcinée !  On pouvait voir le bonhomme de neige en relief sur la pâte, tout aussi noir que le reste. Ce fut le clou de la soirée ! Nos invités ont insisté pour goûter à l'intérieur de la tourtière, n'ayant jamais goûté à ce mets de leur vie .


Cédric et moi, Noël 2000, Hong Kong
Quelle belle soirée ce fut... Nous avons eu beaucoup de plaisir et nos amis français doivent se remémorer tous les ans, ce beau Noël québécois, digne des Elvis Gratton de ce monde !  Pour notre part, ce souvenir n'est pas prêt de s'effacer de notre mémoire, et il me fait sourire, chaque fois que j'y pense.  Un moment escarpin qui s'est transformé malgré nous en pantoufle, mais que de plaisir en cette soirée ! 


Après tout,  ne trouve-t-on pas le plaisir et le bonheur dans la simplicité des petites choses ?