jeudi 28 décembre 2017

Notre Noël québécois en terre d'accueil chinoise




C'était notre deuxième Noël à Hong Kong, et notre premier en tant que parents d'un adorable garçon de trois mois.  Ce Noël-là allait être très spécial, car nous avions appris,  dix jours auparavant, que notre périple à l'étranger allait se terminer plus tôt que prévu. Au début février, nous allions retourner au Canada, à notre grand bonheur ! Cette annonce fut décidément notre plus beau cadeau de Noël. Nous allions nous établir près de Montréal, et mes proches allaient voir notre garçon grandir.



Il fallait fêter cette bonne nouvelle !  Nous avons alors pensé  inviter deux couples d'amis français que nous avions rencontrés à notre terre d'accueil.  Pourquoi ne pas leur faire vivre un Noël typiquement québécois ?  Mon mari, avec ses idées de grandeur, n'allait pas faire ça à moitié ! Il m'a facilement convaincue en me promettant qu'il allait s'occuper de tout.  J'ai insisté pour préparer un beau dessert, question de participer à ma façon, entre deux allaitements et quelques changements de couches.

Je me suis dit qu'il serait préférable de préparer mon dessert à l'avance. De cette façon, mon mari aurait toute la place nécessaire pour préparer son festin, le lendemain.  J'ai décidé de faire des chaussons aux pommes et canneberges, une recette de mon père que j'ai toujours trouvée réconfortante. Ils étaient si beaux, tout dorés et gonflés, semblant prêts à exploser de bonheur !  En versant le sirop dessus, pouf...mes petits bonheurs se sont vite transformés en cauchemars...  Ils se sont affaissés d'un seul coup et leur nouveau look trempé ne leur faisait pas honneur. La présentation dans l'assiette n'aurait pas été digne d'un grand repas...  Dommage, car ils étaient bons !  

Ce soir-là, j'ai donc décidé de faire des farandoles aux framboises (décidément, les petits fruits rouges étaient de mise, pour fêter Noël en grand).  Ce dessert, je l'avais fait au moins trois fois auparavant, et ce fut une réussite à chaque fois. Comment pourrais-je manquer mon coup ?  Ils étaient parfaits, mes petits rouleaux de pâte garnis de framboises... Lorsque je suis allée voir leur progression au four, HORREUR: ils gonflaient , ils étaient beaux, mais de couleur bleue  ! Je n'avais pourtant pas pris des bleuets pour des framboises ?  La pâte était d'un bleu couleur moisie, peu appétissante...bleue ! 


Il était 22h30; je me vois encore, accroupie devant le four, les deux mains accrochées après la poignée de ce dernier, pleurant comme une Madeleine !  C'était pathétique... J'étais épuisée, je riais et pleurais à la fois.  Mais qu'est-ce que j'allais faire comme dessert ?  Mon petit côté perfectionniste en mangeait un coup ! Je n'avais plus le choix que d'attendre au lendemain. La nuit porte conseil, comme on dit. J'ai fini par  préparer des coupes de fruits frais, en étages, avec coulis de sucre à la crème, recette de ma grand-mère.  Pas mal plus simple, mais ce fut un succès ! O.K., ce n'était pas aussi joli que sur la photo, mais quand-même... Pour une jeune maman en manque de sommeil et d'inspiration, c'était  parfait !


Thierry a travaillé fort toute la journée. Il a préparé une belle grosse dinde ainsi qu'une farce, sans oublier une magnifique tourtière avec un beau bonhomme de neige découpé dans la pâte pour orner cette belle grande tarte à la viande, recette de sa mère. Tout était prêt pour faire vivre un Noël digne des québécois à nos amis français. Notre ami Jean-Marc apporta une bouteille de champagne, qu'il a 'sabrée' à la fenêtre avec succès. Comme il travaillait pour une prestigieuse compagnie de cristal, il nous a offert 2 superbes coupes en cristal (qui sont toujours dans leur boîte, d'ailleurs, par manque d'espace dans nos armoires !) ainsi qu'une belle carafe.

La dinde était parfaite, dodue et dorée à souhait !  En la sortant du four, la rôtissoire d'aluminium a pliée, et plein de gras s'est retrouvé sur notre plancher de marbre noir fraîchement lavé, les pantalons de Thierry et mes bas de nylon !  Heureusement, la cuisine n'était pas visible de la salle à manger !  Nous voulions faire une belle présentation, comme on voit dans les films...une belle grosse dinde dans un plat de service, n'est-ce pas réjouissant et appétissant ?  Thierry empoigna son oeuvre d'art pas les cuisses afin de la transférer dans la belle assiette de service.   Les 2 cuisses lui restèrent dans les mains, accompagnées non pas de la farce mais de nos fous rires !  Je lui demandai alors:  ''Allons-nous vraiment nous ouvrir un Bed and Breakfast à notre retour au Canada ?''  Nous avons servi les assiettes dans la cuisine; tant pis pour le plat de service !



La tourtière n'étant pas tout à fait à point, Thierry l'a laissée au four pendant que nous mangions l'excellente dinde. Vous me voyez venir, là, n'est-ce pas ? Pendant le souper, j'ai rappelé à Thierry que la tourtière était au four. Il s'est aussitôt précipité à la cuisine puis est revenu en me demandant si je voulais aller servir la tourtière, affichant un petit sourire en coin. Que pouvait-il arriver de plus ? La tourtière était calcinée !  On pouvait voir le bonhomme de neige en relief sur la pâte, tout aussi noir que le reste. Ce fut le clou de la soirée ! Nos invités ont insisté pour goûter à l'intérieur de la tourtière, n'ayant jamais goûté à ce mets de leur vie .


Cédric et moi, Noël 2000, Hong Kong
Quelle belle soirée ce fut... Nous avons eu beaucoup de plaisir et nos amis français doivent se remémorer tous les ans, ce beau Noël québécois, digne des Elvis Gratton de ce monde !  Pour notre part, ce souvenir n'est pas prêt de s'effacer de notre mémoire, et il me fait sourire, chaque fois que j'y pense.  Un moment escarpin qui s'est transformé malgré nous en pantoufle, mais que de plaisir en cette soirée ! 


Après tout,  ne trouve-t-on pas le plaisir et le bonheur dans la simplicité des petites choses ?

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