lundi 24 août 2020

Le calme au milieu de la tempête





Encore hier, on jouait à 1,2,3...chatouilles ! L'histoire du soir, c'était notre moment à nous. Notre livre préféré, Je t'aimerai toujours, de Robert Munsch. Je vous l'ai lu, encore et encore, toujours avec un petit pincement au coeur alors que je tournais la dernière page . Ce livre dénoncait le passage du temps, tout en osant nous faire croire que ces moments passés ensemble allaient se transformer, petit à petit, alors que je souhaitais secrètement en rester là par moment. On était si bien, si complices !  Il m'arrivait de mélanger les mots de l'histoire par trop de fatigue, et chaque fois, vous me remettiez sur la bonne voie, car il n'était pas question de ne pas lire l'histoire telle qu'elle se devait ! 

Dans l'histoire, l'adolescent prenait peu à peu ses distances, grommelait des mots parfois incompréhensibles, parfois blessants.  Depuis un bout de temps, déjà, on est rendus à cette partie de l'histoire. L'auteur avait raison !  Le temps allait transformer peu à peu les moments qu'on allait passer ensemble. Le temps, tel un coup de vent, et la pandémie qui a tout arrêté.

Avec le confinement, on s'est retrouvés tous les 4, 24h sur 24 dans notre petit semi-détaché. Papa et maman en télétravail, et vous deux à poursuivre vos études en ligne. On a rénové la cour, car on savait qu'on allait y passer la grande partie de notre été. Mur d'escalade surplombant la piscine, tiki bar, plage...on y a mis le paquet. On a joué au ballon dans la piscine comme s'il n'y avait pas de lendemain., comme quand vous étiez petits. On a ri, on a fait le courant, joué à la tag. Je vous ai fait honte chaque fois que je dansais ma danse du confinement ou que je chantais dans l'auto. On est allés en famille au service à l'auto du Dairy Queen, on s'est levés aux petites heures du matin pour aller voir le lever du soleil et explorer la région. On a fait du poulet frit. On s'est couchés tous les 4 sur le toit du bar un soir, pour regarder les étoiles. On a même joué à des jeux de société (o.k. avec beaucoup d'insistance de ma part !)  Ce n'était pas Hawai comme prévu, mais quelle aventure incroyable ! 

Ces petits moments me ramenaient chaque fois à cette période de 1,2,3...chatouilles (sans les chatouilles aujourd'hui car j'ai peine à vous effleurer sans que vous vous esquiviez !).  Le confinement a permis de nous rapprocher, même si par moments il nous a aussi éloignés.  Je vous mentirais vous dire que ça a toujours été rose.  Il y a eu des frustrations, des soupirs, des yeux qui roulent, de la chicane, des matins où je perdais patience de ne pas arriver à vous tirer du lit.

Mais on était ensemble. Ensemble à ne pas devoir s'habiller tirés à 4 épingles, à partager les repas parfois gastronomiques mais plus souvent qu'autrement, plutôt ordinaires... tsé, avec ce qu'on avait.   Pis c'était ben correct comme ça parce qu'il faisait chaud, il faisait beau, et rester enfermée dans ce temps-là m'arrache toute once de bonne humeur.  

Vous m'avez souvent entendue dire "maudite Covid!"...  mais au fond, parce que je vous avais près de moi et en santé,  je ne lui en veux pas tant que ça.   J'en voulais plus à ceux qui vivaient leur été comme en 1999 tout en souhaitant qu'à cause d'eux-autres, on ne serait pas pognés avec ça pendant 10 ans. 

Demain, je recommence le travail après 5 mois et demi.   La semaine prochaine et la semaine suivante, ce sera à votre tour.   Je ne sais pas à quoi ressembleront les prochaines semaines, les prochains mois.  Mais ce que je peux vous dire, c'est que 2020 restera gravé en ma mémoire à jamais.   Pas cette pandémie, non, mais tous ces moments précieux passés en votre présence. Ces moments tous aussi forts les uns que les autres. Cette chance que j'ai eue de vous avoir encore aussi longtemps à mes côtés, à bâtir des souvenirs et à grandir ensemble, même sans chatouilles ! Le calme, au beau milieu de la tempête, mon château-fort, mon phare, c'est auprès de vous que je l'ai trouvé. 

Je vous aime fort et vous aimerez toujours, la nuit comme le jour...dans les moments ordinaires comme dans les extraordinaires. 



Maman xx



lundi 3 août 2020

Je ne t'avais pourtant pas invitée







Tu t'es présentée là, comme ça.   Tu t'es glissée en douce sous mes draps, meublant mes nuits de tes faux-pas, agrippant de tes mains frémissantes mon corps déjà fragile,  ma tête déjà en pleine ébullition. 

Je ne t'avais pourtant pas invitée.  Mais peu importe, ton désir l'emportait haut la main sur ce que moi, je souhaitais du plus profond de mon âme.   

Si seulement tu avais pu te contenter de ne meubler que mes nuits...mais c'était plus fort que toi.   Tu persistais à rester même à la première lueur du jour,  t'amusant à y jeter un peu de noirceur, de frémissements, de tremblements, d'étourdissements.   M'étourdir semblait être devenu ton leitmotiv, ta raison de vivre, ton acharnement.

Je sentais ton emprise, tant sur mon corps que sur ma tête.   J'aurais voulu crier mais mon souffle coupé m'en empêchait. Mon corps, écrasé sous ton poids, avait peine à bouger. J'étais paralysée...par la peur, la peine, l'incompréhension.  

Il t'arrivait parfois de me donner un peu de lousse, comme si tu rallongeais la corde mais pour mieux la retirer par la suite.  Pour m'en étrangler, peut-être, même. Je me réveillais en sursaut, toujours avec toi à mes côtés, qui me regardait avec cette satisfaction dans le regard, cette démence, cet acharnement. J'étouffais, je cherchais mon souffle, je n'étais plus en contrôle.  Ce contrôle, tu l'avais pris, avec tout le reste, telle la pire des égoïstes.

Tu étais déterminée, comme si c'était ton plus bel engagement, l'accomplissement d'une vie.  Mais je ne t'avais pourtant pas invitée dans la mienne. Puis, je me suis mise à me questionner si j'avais peut-être laissée la porte entrouverte.  Juste un peu... par inadvertance ou encore par négligence.  Je me suis remise en question pour ce que tu me faisais subir, toi.  

Et ça me rendait folle, encore plus. Je réalisais alors avec torpeur que tu étais en train de gagner. Je n'allais pas me laisser faire. J'avais une vie à vivre, à aimer. J'avais des choses à faire, mais surtout, je devais être de tout mon être. Et tu ne faisais pas partie de l'équation. Je ne t'avais pas invitée. 

Alors chaque nuit, avant de dormir, j'ai prié pour que tu ne viennes pas cette nuit-là. Je me suis assurée de bien fermer la porte à double-tour. J'ai tenté par tous les moyens possibles de calmer mon âme, mon corps, mon coeur.  J'ai dessiné, j'ai écrit, j'ai marché, j'ai peint, j'ai lu, j'ai médité, j'ai exploré, j'ai aimé.  

Petit à petit, j'ai senti ton emprise me donner un peu de lousse... cette fois, pour vrai. Je t'ai laissée savoir que tu n'étais pas la bienvenue dans ma vie, dans mon lit, dans ma tête, mon corps, mon âme.  Tu t'es éclipsée peu à peu. Je me suis ressentie en vie, libérée de toi, de tes manigances, de ces satanées nuits blanches. 

Je sais par contre que tu me guettes, au seuil de la porte, prête à revenir hanter mes nuits, défier mes jours, chercher la moindre petite faille ou tu pourrais bien t'immiscer.  

Laisse-moi te dire que tu n'es pas la bienvenue.  

Je ne t'ai pas invitée et ne t'inviterai jamais, maudite Anxiété.

Hélène, Fashionista en cavale xx