lundi 3 août 2020

Je ne t'avais pourtant pas invitée







Tu t'es présentée là, comme ça.   Tu t'es glissée en douce sous mes draps, meublant mes nuits de tes faux-pas, agrippant de tes mains frémissantes mon corps déjà fragile,  ma tête déjà en pleine ébullition. 

Je ne t'avais pourtant pas invitée.  Mais peu importe, ton désir l'emportait haut la main sur ce que moi, je souhaitais du plus profond de mon âme.   

Si seulement tu avais pu te contenter de ne meubler que mes nuits...mais c'était plus fort que toi.   Tu persistais à rester même à la première lueur du jour,  t'amusant à y jeter un peu de noirceur, de frémissements, de tremblements, d'étourdissements.   M'étourdir semblait être devenu ton leitmotiv, ta raison de vivre, ton acharnement.

Je sentais ton emprise, tant sur mon corps que sur ma tête.   J'aurais voulu crier mais mon souffle coupé m'en empêchait. Mon corps, écrasé sous ton poids, avait peine à bouger. J'étais paralysée...par la peur, la peine, l'incompréhension.  

Il t'arrivait parfois de me donner un peu de lousse, comme si tu rallongeais la corde mais pour mieux la retirer par la suite.  Pour m'en étrangler, peut-être, même. Je me réveillais en sursaut, toujours avec toi à mes côtés, qui me regardait avec cette satisfaction dans le regard, cette démence, cet acharnement. J'étouffais, je cherchais mon souffle, je n'étais plus en contrôle.  Ce contrôle, tu l'avais pris, avec tout le reste, telle la pire des égoïstes.

Tu étais déterminée, comme si c'était ton plus bel engagement, l'accomplissement d'une vie.  Mais je ne t'avais pourtant pas invitée dans la mienne. Puis, je me suis mise à me questionner si j'avais peut-être laissée la porte entrouverte.  Juste un peu... par inadvertance ou encore par négligence.  Je me suis remise en question pour ce que tu me faisais subir, toi.  

Et ça me rendait folle, encore plus. Je réalisais alors avec torpeur que tu étais en train de gagner. Je n'allais pas me laisser faire. J'avais une vie à vivre, à aimer. J'avais des choses à faire, mais surtout, je devais être de tout mon être. Et tu ne faisais pas partie de l'équation. Je ne t'avais pas invitée. 

Alors chaque nuit, avant de dormir, j'ai prié pour que tu ne viennes pas cette nuit-là. Je me suis assurée de bien fermer la porte à double-tour. J'ai tenté par tous les moyens possibles de calmer mon âme, mon corps, mon coeur.  J'ai dessiné, j'ai écrit, j'ai marché, j'ai peint, j'ai lu, j'ai médité, j'ai exploré, j'ai aimé.  

Petit à petit, j'ai senti ton emprise me donner un peu de lousse... cette fois, pour vrai. Je t'ai laissée savoir que tu n'étais pas la bienvenue dans ma vie, dans mon lit, dans ma tête, mon corps, mon âme.  Tu t'es éclipsée peu à peu. Je me suis ressentie en vie, libérée de toi, de tes manigances, de ces satanées nuits blanches. 

Je sais par contre que tu me guettes, au seuil de la porte, prête à revenir hanter mes nuits, défier mes jours, chercher la moindre petite faille ou tu pourrais bien t'immiscer.  

Laisse-moi te dire que tu n'es pas la bienvenue.  

Je ne t'ai pas invitée et ne t'inviterai jamais, maudite Anxiété.

Hélène, Fashionista en cavale xx





Aucun commentaire:

Publier un commentaire